Janua (ou Jana) est l’homologue féminine de Janus, une divinité gréco-latine, qui aurait régné sur le Latium
(territoire situé entre l’Etrurie au nord, et la Campanie au sud) et accueilli Saturne, chassé des cieux. Afin de le remercier, celui-ci aurait donné à Janus le don de la « double science », celle du passé et celle du futur. Chez les Romains, il est représenté avec deux visages, tournés en sens contraires.
Selon Ovide, Janus exerce son pouvoir sur la terre et sur les cieux. Ainsi, il aurait un double visage : l’un regarde vers la gauche et l’autre vers la droite ; vers la guerre et vers la paix.
Cette allégorie a inspiré cette création, ébauchée le 2 mars 2023, dans laquelle j’ai choisi d’anthropomorphiser une racine laissant apparaître un double visage féminin, auquel j’ai attribué deux variantes symboliques de la paix et de la guerre.
Si les visages n’ont pas de regard, celui de la guerre est une évocation du néant par son absence, et celui de la paix, celle d’un espoir qui semble vouloir naître.
J’ai utilisé plusieurs techniques (fusain, pastel gras et sec, pigments, acrylique, œuf, etc…), avec deux couleurs dominantes et complémentaires, le bleu et l’ocre, dont les déclinaisons s’expriment de manière inversée pour les fonds.
Le hasard de l’expérimentation alimentée par différents procédés, m’a incité à remettre en question plusieurs fois, la manière d’imaginer et de penser cette toile.
A travers cette représentation métaphorique, j’ai cherché à évoquer l’ambiguïté de la pensée humaine et divine ; ainsi, à réinventer un mythe, susceptible de prendre tout son sens, dans un contexte social et politique présent et passé.
Après plusieurs semaines de réflexion et de mise en œuvre arythmiques, j’ai achevé cette création le 27 mai 2023.
Édith Bruic, le 29 mai