Cette création est née de la quatrième rencontre Couleur Safran qui s’est déroulée le samedi 21 et dimanche 22 octobre 2023.

Son titre est l’anagramme de:

Bulbes à fleurs de safran avec son encre, mortier, haïkus, pigments bleu et ocre à l’œuf sur une caisse en bois, née d’un ancien cadre.

J’ai envisagé de créer un jardin de haïkus safranés avec des matériaux naturels issus de la safranière ; ainsi, associer la culture du safran avec la poésie du haïku, imaginer une passerelle entre la couleur florale et celle des mots, relier la terre et le ciel.

Cette expérience a commencé le matin du 21 octobre dans la safranière de Denise. J’ai récolté des vieilles racines, des feuilles, des petits cailloux dans la terre; j’ai choisi des bulbes de safran avec un germe déjà bien formé, dans un panier que Denise m’a proposé.

De retour à l’intérieur, j’ai commencé à travailler sur la moitié du support que j’ai peins avec des pigments ocre et bleu que j’ai mélangé à de l’œuf. J’ai préparé un mortier de sable et de colle que j’ai teinté avec un ocre différent. J’ai utilisé ce mortier pour coller les racines, les feuilles et les bulbes, de manière aléatoire. J’ai choisi deux rouleaux de haïkus pris au hasard, que j’ai coloré avec de l’encre de safran, et collé de la même façon que les objets naturels.

La plupart du temps, le haïku est une évocation de la nature ; ainsi roulé et collé, il devient inaccessible à la lecture mais partie prenante d’un environnement qui lui ressemble.

Le lendemain, j’ai continué de m’exercer sous le regard attentif et intéressé des personnes présentes à cette manifestation, avec lesquelles j’ai pu échanger sur le processus de création.

J’ai repris ce collage le jeudi 26 octobre sur lequel j’ai continué d’expérimenter la couleur et le relief. Le samedi 4 novembre, j’ai eu l’agréable surprise de voir plusieurs bulbes avec des pointes vertes, promesses d’une vie à paraître.

Le lundi 6 novembre, une première fleur sort d’un germe. A la fin de la journée, elle s’ouvre et je vois des filaments rouges à l’intérieur. Cette première naissance me procure une émotion de joie et de surprise mêlées :

Ma création est vivante !

Le mercredi 8 novembre, j’humidifie les bulbes avec l’encre de safran. Le samedi 11 novembre, la fleur est fanée. Je retire les filaments pour les faire sécher. Sur les autres bulbes, le feuillage continue de pousser. Le lendemain, je re-humidifîe les bulbes et je crée un lien avec l’extérieur ( plantation de Denise le 10 septembre dans mon jardin), en ramassant quelques bouts de fleurs mangées par les limaces, qui n’ont cependant pas trouvé les filaments à leur goût, que je m’empresse de récolter compte tenu de la météo pluvieuse. Le lundi 13 novembre, une nouvelle fleur apparaît. Le dimanche 19 novembre, les deux fleurs sont complètement fanées.

Du feuillage surgit de la première. Je continue de re-humidifîer les bulbes, et je recommence à intervenir sur la création le mardi 21 novembre, en ajoutant, en autres, d’autres haïkus, qui sont maintenant au nombre de sept.

Je finalise le travail le samedi 25 novembre, en collant quelques pétales de fleurs de safran avec le passage d’un bleu clair sur les branches.

J’écris également le titre, dont l’anagramme fournit des renseignements sommaires sur les techniques et les matériaux utilisés. Le feuillage, toujours vert, continue de grandir.

Afin de décrire en images ce processus, j’ai régulièrement pris des photographies, témoignages de l’évolution de cette oeuvre, qui reste inachevée à ce jour.

Édith Bruic. 25 novembre 2023