J’ai commencé cette création dans la safranière de Denise, lors de notre troisième rencontre «Couleur Safran» qui a eu lieu le 15 et 16 octobre 2022.
J’ai récolté des empreintes sur des objets naturels et manufacturés, avec du fusain et du papier sulfurisé. J’ai également ramassé des éléments tels que des racines, des cailloux et des bulbes anciens de fleurs de safran, dans la perspective de les utiliser comme des outils.
A l’intérieur, j’ai collé les traces sur un support papier, de manière aléatoire. Avec un feutre noir, j’ai réinterprété ces traces en les prolongeant par des mots, relatifs à la culture et l’histoire du safran.
Ainsi, je tissais un lien entre le lieu de son exploitation et le vocabulaire qui en parle.
J’ai imaginé les prémices d’une mise en couleurs qui utiliserait l’encre de safran et des pigments bleus et ocres mélangés à de l’œuf. Je m’étais donné comme consigne de ne pas me servir d’un pinceau pour effectuer cette opération, mais des éléments naturels que j’avais ramassé, qui devenaient ainsi des outils que j’expérimentais pour poser la couleur. Symboliquement, relier le ciel à la terre, l’imaginaire au réel…Suite à cette démonstration publique, j’ai laissé le support roulé dans un coin de l’atelier, pour le reprendre le 8 novembre.
Ce jour-là, j’ai décidé de réduire le format du support sur les côtés.
J’ai fabriqué une fenêtre en carton de 25 x 25 cm, que j’ai appliqué plusieurs fois sur l’ensemble, de manière à choisir six surfaces de tailles identiques, que j’ai découpé et installé sur ma table de travail. J’ai disposé les carrés les uns à côté des autres, de façon à chercher une cohérence de lignes, de formes et de couleurs. Je souhaitais réinvestir ces propositions dans une création plus intuitive, dans laquelle chaque élément aurait son propre caractère, tout en faisant partie d’un ensemble, sous la forme d’un polyptyque, hexaptyque (six tableaux).
J’ai de nouveau laissé mûrir cette production, pour la continuer le 14 novembre. J’ai poursuivi la mise en couleurs avec le jaune safran, en cherchant à harmoniser l’ensemble.
J’ai fait appel au hasard, en projetant le surplus de l’encre de safran avec une seringue.
J’ai fabriqué de la couleur avec le bleu de céruléum, l’ocre du Verdon et le jaune indien, mélangés à de l’œuf. J’ai travaillé les morceaux peu ou pas exploités, en tenant compte du relief des traces et des formes.
Le lendemain, j’ai continué avec des retouches de couleurs et un glacis d’ocre rouge que j’ai déposé sur l’ensemble des carrés afin d’unifier l’ensemble. J’ai repris les lignes et les écritures à l’encre noire, afin de les réaffirmer. Par ailleurs, j’ai utilisé du blanc afin de donner davantage de volume aux formes.
Dans les jours qui ont suivi, j’ai verni l’ensemble, et collé les carrés sur un support de papier blanc de 60 x 80 cm. Parallèlement, j’ai cherché un titre pour nommer cette création, qui a pris une tournure mythologique, dans un anagramme, qui met en scène Iris.
Dans la mythologie Grecque, ce personnage était la messagère des dieux, principalement d’Héra, comme Hermès était le messager de Zeus. Elle symbolise les bonnes nouvelles, et représente la liaison entre la terre et le ciel, entre les dieux et les hommes. Les poètes prétendaient que l’arc-en-ciel était la trace du pied d’Iris, descendant rapidement de l’Olympe vers la Terre, pour porter un message.
A l’instar de cette fable, la naissance de cette création a pris racine dans la terre, pour s’élever dans cet imaginaire qui est le mien, Je l’ai achevé le 20 novembre 2022.
Édith BRUIC 21 novembre 2022